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Ce numéro marque le début de la dixième année d’existence de Mens. Plutôt que de s’asseoir sur ses lauriers, quoique l’équipe éditoriale s’enorgueillisse, bien entendu, du chemin parcouru, la revue profitera plutôt de l’occasion pour se donner un nouveau souffle. Tout en demeurant fidèle à l’esprit qui l’anime depuis sa fondation en 2000, Mens entreprend, cette année, de nombreux changements : nouvelle toilette, nouveau site Web, réorganisation administrative et même nouveau nom.

Nos lecteurs les plus assidus auront d’ores et déjà constaté les changements graphiques apportés à la couverture de la revue, de même que le nouveau sous-titre dont elle s’est coiffée. Ainsi, Mens : revue d’histoire intellectuelle de l’Amérique française devient Mens : revue d’histoire intellectuelle et culturelle. Cette modification du sous-titre ne découle aucunement d’une volonté de transformer l’orientation de la revue, bien au contraire. Mens continuera, comme toujours, de privilégier l’aire géoculturelle centrée sur le Québec et rayonnant vers ce que Lionel Groulx appelait, jadis, l’Amérique française, sans toutefois négliger l’aire géopolitique que représente, en soi, le Québec. Il s’agira aussi, par l’ajout de l’adjectif « culturelle » dans notre désignation, de rendre explicite ce qui avait toujours été une politique de la revue : nous envisageons les idées en elles-mêmes, mais aussi leurs véhicules, leurs applications, leur résonance.

Ces changements s’accompagnent d’une refonte complète de notre site Web. Dans le dessein de faire du site Internet de Mens un des meilleurs sites de revues savantes au Québec et au Canada français, nous avons en modernisé et simplifié la présentation, tout en tâchant d’en augmenter le contenu, en particulier avec la mise en ligne graduelle de nos anciens numéros.

Administrativement, il nous a semblé que le temps était venu d’institutionnaliser plus formellement la revue en l’arrimant à deux organismes dont la mission est on ne peut plus compatible avec la nôtre, soit le Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF) et la Chaire de recherche sur l’histoire de la francophonie canadienne, tous deux sis à l’Université d’Ottawa. Le CRCCF, qui a récemment fêté son premier demi-siècle d’existence, est un organisme dont la réputation, le sérieux et le professionnalisme sont autant de gages de confiance et qui, par l’entremise de son directeur, le professeur Yves Frenette, a manifesté une volonté résolue d’épauler Mens sans lui imposer quelque carcan que ce soit. En effet, les équipiers de la revue demeureront les responsables incontestés de son contenu et de ses orientations générales. Mens se joint ainsi au groupe de revues patronnées par le CRCCF, en compagnie de Francophonies d’Amérique et de L’Annuaire théâtral. Avec la contribution experte, notamment, de Mmes Colette Michaud et Monique Parisien-Légaré, le CRCCF a démontré depuis longtemps le soin qu’il apporte à la publication de revues savantes de bonne tenue. Cette intégration sera facilitée, croyons-nous, par le fait que deux des membres du comité de rédaction – Damien-Claude Bélanger et Michel Bock – enseignent au département d’histoire de l’Université d’Ottawa, Michel Bock étant d’ailleurs titulaire de la Chaire de recherche sur l’histoire de la francophonie canadienne, tandis que le directeur de la revue, Dominique Foisy-Geoffroy, exerce ses activités non loin de là, à Bibliothèque et Archives Canada.

Cette nouvelle étape marque cependant la fin d’un chapitre, celui de notre association avec l’Université Laval. Nous tenons ici à remercier chaleureusement le Département d’histoire de l’Université Laval, notamment ses directeurs Claire Dolan et Alain Laberge, ainsi que les Presses de l’Université Laval, notamment son ancien directeur du développement Léo Jacques, pour le soutien financier et logistique qu’ils ont offert à Mens depuis son arrivée à Québec en 2002 et, surtout, pour avoir cru en la revue.

Un mot, en terminant, sur les articles qui composent ce numéro, articles entièrement consacrés à l’histoire de l’art au Québec. Dans le premier, que nous publions en guise de «perspective», Yves Deschamps propose une réflexion sur l’identité et l’américanité de Montréal à partir de l’histoire de son architecture et de son patrimoine bâti. Son texte prend la forme d’une critique parfois sévère des « idées et pratiques unanimistes et autoritaires » qui, au nom d’une certaine modernité largement états-unienne, a eu tendance à uniformiser le paysage urbain en faisant fi des particularités locales et régionales. Le second article, que signe Louise Vigneault, étudie l’influence qu’ont exercée les modèles artistiques états-uniens et l’imaginaire mythique américain sur l’œuvre de Paul-Émile Borduas ainsi que sur sa perception de l’espace continental, et ce malgré la méfiance que le milieu artistique montréalais entretenait parfois à l’endroit de la culture états-unienne et de ses productions. Dans le troisième et dernier article, France St-Jean analyse l’iconographie des rébellions bas-canadiennes de 1837-1838. L’auteur soutient fort justement que « les représentations visuelles issues ou illustrant les récits historiques sont bien plus que des soutiens visuels contribuant à mettre en valeur l’énoncé idéologique de leurs auteurs respectifs », que ces représentations contribuent activement et directement à la construction de l’« imaginaire collectif » des rébellions.

Ces trois études en histoire de l’art illustrent, si besoin était, que le champ de l’histoire intellectuelle et culturelle continue de susciter des recherches et des réflexions aussi stimulantes que jamais. À l’orée de ses dix ans, Mens se félicite de contribuer à leur diffusion.

L’équipe de Mens